Comment définir l’Intelligence Collective
Qu’est-ce que l’Intelligence Collective ?
Le principe d’Intelligence Collective est entré récemment dans notre vie si on le regarde d’un point de vue historique. Les spécialistes s’en sont emparés et le définissent différemment selon que l’on est sociologue, psychologue, consultant, philosophe, etc. Il s’agit en réalité d’une science transdisciplinaire.
Ce qui est commun entre ces différentes sensibilités, c’est le fait de s’intéresser au fonctionnement des groupes humains face à des problèmes à résoudre de plus en plus complexes et paradoxaux. C’est donc un principe au cœur de nos défis collectifs, qu’ils soient sociétaux, professionnels, associatifs, etc.
La définition la plus simple est que l’Intelligence Collective est la somme des Intelligences Individuelles, les interactions en plus. L’Intelligence Collective est l’alchimie de capacités complémentaires :
- L’intelligence : capacités cognitives pour comprendre, analyser des données, l’environnement, les flux, etc., mais aussi à imaginer des nouvelles options, à se projeter dans le futur, à innover.
- Les interactions : capacités à être en relation, à dialoguer, à partager des expériences, des compétences, des points de vue, à valoriser les autres, à traiter les malentendus, les divergences, à décider.
L’Intelligence Collective est donc bien supérieure à l’Intelligence de chacun des membres d’un groupe. Il ne suffit pas de juxtaposer les intelligences individuelles, il faut les potentialiser, les transcender pour créer de l’Intelligence Collective.
Pour Pierre Levy, philosophe, sociologue et chercheur en sciences de l’information et de la communication et auteur a de « l’Intelligence Collective- Pour une anthropologie du cyberespace », il s’agit d’une « intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences “.
- « Partout distribuée » : personne ne sait tout, tout le monde sait quelque chose. Chaque personne détient qu’une part de son environnement, certes partielle mais qui ajoutée aux parts d’autres devient plus grande que la sienne.
- « Sans cesse valorisée » : Ainsi, chaque membre du collectif serait porteur d’une richesse qu’on ne pourrait négliger et qui lui assurerait une place et une contribution unique au sein du collectif intelligent. Il s’agit là de reconnaître et de vivre réellement les principes de complémentarité et de diversité, non pas comme un principe moralisateur, mais comme une valeur incarnée en actes.
- « Coordonnée en temps réel » : qui s’appuie sur une organisation du partage de l’information et des connaissances qui devient une connaissance partagée, vivante, ouverte et en évolution.
- « Qui aboutit à une mobilisation effective des compétences » : l’Intelligence Collective n’est pas qu’un concept théorique ou philosophique, elle sous-tend une nouvelle organisation sociale effective et efficace, basée sur les compétences, le savoir et les connaissances. L’Intelligence Collective favorise la puissance plutôt que le pouvoir.
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L’intelligence collective pour concevoir et faciliter un évènement
Un événement collaboratif est une expérience innovante et transverse de co-création basée sur le fait que chaque participant est important et compétent.
Pourquoi développer l’INTELLIGENCE COLLECTIVE ?
La liste est longue des bonnes raisons pour lesquelles nous avons besoin de développer l’Intelligence Collective dans les entreprises, les écoles, les institutions, les réseaux …
Nous sommes nombreux à partager les mêmes constats, j’en citerai trois :
- La complexité grandissante des systèmes juridiques, réglementaires, politiques, géopolitiques, économiques devient écrasante, incompréhensible. Elle provoque des sentiments d’impuissance, d’incompétence. Couplée au raccourcissement du temps et aux pertes d’ancrage territorial, elle alimente les peurs et la violence. Seuls, nous sommes renvoyés à notre incapacité à agir et à notre repli sur soi.
- Bien que nous soyons dotés d’un cerveau très perfectionné, nous utilisons des autoroutes neuronales qui limitent nos représentations, notre regard sur la réalité. Nous reproduisons ce que nous savons déjà faire, nous interprétons avec nos mêmes lunettes, nous sélectionnons des informations qui confirment nos croyances, et au final nous continuons à faire toujours de la même chose. Seul, il est bien difficile de s’ouvrir à d’autres représentations.
- Nous sommes dans un changement de paradigme, quelle que soit l’organisation à laquelle nous appartenons. Les expériences sont nombreuses et en émergence pour inventer notre devenir, nous n’avons plus le choix au risque de voir s’éteindre des pans de notre économie et de nos ressources naturelles, voire pire au risque d’épuiser les Hommes et les Femmes qui œuvrent pour faire fonctionner les systèmes.
Nous sommes de fait dans un changement qui implique chaque acteur, chaque organisation, chaque réseau, chaque institution. Nous pouvons ne pas y croire, mais nous pouvons aussi contribuer à la longue transformation en cours. Et en particulier, nous pouvons apprendre ensemble, collectivement pour fertiliser les talents et les compétences de chacun. Car des idées, des initiatives, des envies et des volontés, il y en a !
Quelques conditions pour développer l’INTELLIGENCE COLLECTIVE
Un groupe de personnes qui partagent :
- Une communauté d’intérêt (objectif, identité, expériences, préoccupations) qui relie les personnes par le fait qu’elles se sentent concernées et impliquées. La communauté d’intérêt n’est pas de même nature que la communauté de pratiques. Cette libre appartenance est le terreau pour que l’adhésion et la confiance se libèrent dans le groupe.
- Une structure fondée sur des règles explicites et identiques pour tous les membres, et une organisation dynamique claire (répartition des rôles, complémentarité des compétences, etc.).
- Des pratiques de gestion collective (chaque membre est responsable de sa propre action et dispose d’une autonomie définie ; les décisions stratégiques sont basées sur le consentement mutuel, etc.).
- Un espace collaboratif et des outils de coopération (les informations sont partagées, mutualisées, capitalisées ; les interfaces sont coordonnés et structurés, etc.).
- Des processus d’apprentissage (modalités et instances de régulation, d’évaluation, de correction des erreurs, de partage d’expériences et d’émergence d’une conscience commune).
Laurence Lay-Combes
Coach, consultante et co-gérante de DIDASCALIS.
Co-fondatrice d’ENAGORA (dispositif pour disséminer l’Intelligence Collective dans les Organisations qui transforment leur culture managériale) et Responsable pédagogique et enseignante dans la formation Facilitateur de l’Intelligence Collective.